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En cette rentrée, N1nside vous propose un retour complet sur la formidable année 2017 de la discipline Eau Libre, avec une immersion au cœur des équipes de France, mois après mois, des premières compétitions hivernales à la préparation printanière, jusqu’aux plus hautes marches des podiums internationaux de l’été. Un reportage à valeur d’hommage pour saluer les résultats historiques obtenus par les nageurs et les staffs.

 

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Janvier – Championnats de France du 5km INDOOR

La saison d’eau libre démarre traditionnellement… en bassin, avec les Championnats de France INDOOR du 5km, organisés cette année à Sarcelles à la fin du mois de janvier.

Chez les garçons, le plateau est relevé, la quasi-totalité des nageurs de l’équipe de France eau libre sont au départ de la série finale. Marc-Antoine OLIVIER s’impose en 53.00.79, tout proche du record de France de la distance détenu par Sébastien FRAYSSE (52.57.85), devant Logan FONTAINE (54.20.13) et Axel REYMOND (54.24.10). Chez les plus jeunes, Clément BATTE (2000) pointe déjà le bout de son nez avec une belle 5e place (54.51.05), alors que Jean-Baptiste CLUSMAN (2001) améliore la MPF 16 ans (55.07.08).

Logan FONTAINE affiche dès l’hiver d’impressionnants progrès en bassin. Le 16 décembre 2016, en meeting à Amsterdam, il porte son record du 1500m à 15.11.37 (8e MPF).

Chez les filles, en l’absence des deux figures de proue de la discipline Aurélie MULLER et Océane CASSIGNOL, la concurrence est moindre. Pour son premier contact avec la compétition longue distance dans un cadre officiel, Lara GRANGEON décroche le titre national (59.08.79) et s’affirme comme une prétendante crédible à l’intégration de l’équipe de France eau libre pour la suite de la saison.

Lara GRANGEON souhaite donner une nouvelle orientation à sa carrière. Pour 2017, la recordwoman de France du 400m 4N a désormais pour ambition de se qualifier aux Championnats du Monde d’eau libre. (Photo : Jean-Louis THOREMBEY)

Cette compétition du 5km INDOOR située très tôt dans le calendrier est une échéance importante aux yeux du Directeur national de la discipline, Stéphane LECAT : « Avoir un objectif dès le mois de janvier est le meilleur moyen de garantir une reprise sérieuse de l’entrainement dès après la coupure de Noël. Cette compétition est donc intéressante non seulement d’un point de vue physiologique, pour habituer le corps à l’effort continu sur 5km, mais aussi d’un point de vue mental, car elle oblige à rester focus sur l’entrainement en plein hiver. Aussi, pour les jeunes ou les néophytes intéressés par la découverte de l’eau libre, il s’agit également d’une possibilité de premier pas vers la discipline, vers ce type d’effort qui n’a rien à voir avec un 1500m. »

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Février – Épreuves de Coupe du Monde en Argentine

 

Une délégation de 8 nageurs (3 filles, 5 garçons) part en Argentine disputer la première étape de la Coupe du Monde Marathon (10km) de Viedma. Cette compétition est pré-qualificative pour les Championnats du Monde pour les nageurs terminant dans le « top 8 » de la course. Trois nageurs remplissent cet objectif et (se) prouvent du même coup qu’ils ont les capacités de viser les podiums au niveau international dans les mois et années à venir : David AUBRY (3e) Logan FONTAINE (5e) et Océane CASSIGNOL (6e).

Premier podium sur le circuit Coupe du Monde Marathon pour David AUBRY (Photo : Jean-Louis THOREMBEY)

Pour les autres, les fortunes sont diverses en termes de résultats (Adeline FURST déçue de sa 11e place valide tout de même sa pré-qualification pour les Universiades), mais il s’agit pour tous d’une importante prise d’expérience en se confrontant à la réalité du haut niveau mondial.

Le même jour, un millier de kilomètres plus au nord, Aurélie MULLER réalise l’exploit (immortalisé par le superbe documentaire de Vincent Alix pour « Intérieur Sport ») de prendre la 3e place du Grand Prix FINA de Santa Fe sur une distante inédite pour elle (57km !). « L’objectif fixé était tout simplement de terminer la course. C’était avant tout un défi mental, une manière de tester mes limites. Cerise sur le gâteau, je termine sur le podium. Si je reviendrai un jour sur cette épreuve ?  Peut-être, mais pour y jouer la gagne ! » Edouard LEHOUX qui l’accompagne dans cette aventure termine 6e chez les messieurs.

« Ne limite pas tes défis, défie tes limites. » (John FITZ)

 

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Mars – Coupe du Monde Marathon 10km d’Abu Dhabi

 

L’équipe de France se déplace en nombre sur l’étape de Coupe du Monde Marathon (10km) d’Abu Dhabi. La délégation est composée de 20 nageurs (8 filles, 12 garçons) et d’un staff d’encadrement complet (6 coachs, 1 médecin, 1 kiné).

« Au-delà des ambitions sportives et du message envoyé à nos concurrents internationaux concernant notre capacité à nous déplacer nombreux et ambitieux, l’objectif était double, explique Stéphane LECAT. D’une part, faire cohabiter un groupe intergénérationnel sur une grande compétition internationale, afin que les jeunes puissent apprendre en situation auprès des meilleurs nageurs français en s’identifiant à eux. D’autre part, permettre des moments privilégiés d’échange et des mises en situation pour le staff, concernant les stratégies à mettre en œuvre et les protocoles en compétition, en vue des échéances majeures. »

Fabien HORTH, ancien nageur de l’équipe de France natation course, kiné présent auprès de l’équipe de France eau libre seniors tout au long de la saison 2017.

Au plan sportif, même en pleine période de préparation à deux mois des Championnats de France qualificatifs pour les Mondiaux de Budapest, la course est riche d’enseignements.

Chez les dames, pour son premier 10km depuis les Jeux de Rio, Aurélie MULLER s’impose devant tout le gratin international, un message fort pour elle-même et pour ses adversaires. Océane CASSIGNOL prend une nouvelle jolie place d’honneur (7e) et Lara GRANGEON, pour sa première course en eau libre au niveau international, termine à une très encourageante 21e place à seulement 1min30 de la tête de course.

Du côté des messieurs, malgré une touche moyenne à l’arrivée, David AUBRY signe son deuxième podium consécutif en Coupe du Monde Marathon (3e), juste devant Marc-Antoine OLIVIER (4e). Logan FONTAINE (21e) et Axel REYMOND (22e) ne sont pas dans un grand jour.

Les « juniors » ont terminé plus loin au classement, mais le bilan est globalement positif, d’autant qu’aucun abandon n’a été à déplorer dans le camp français. Écoutons encore Stéphane LECAT : « Les jeunes ont ainsi eu l’occasion de se confronter à la réalité du plateau international. C’est le genre d’expérience importante dans la construction d’une carrière pour susciter des prises de conscience quant aux exigences du très haut niveau. Face à la difficulté, certains se révèlent et parviennent à se transformer. Prenons les exemples de Lisa POU (40e) ou Clément BATTE (51e) ; à Abu Dhabi, ils étaient hors du coup, déçus de leur performance à la sortie de l’eau. Ils sont parvenus à mettre des mots sur ce qui n’avait pas fonctionné, à se servir de cette expérience pour corriger certaines choses dans la manière d’aborder une course en vue des Euros Juniors. Avec le succès que l’on sait. »

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Avril – Poursuite de la préparation

 

Pas de compétitions majeures en avril, mois dédié à l’entrainement. Loin de leur pic de forme, les nageurs des différentes équipes de France eau libre sont conviés à participer à une évaluation sur 10km à l’INSEP. Cette mise en situation, en plus de son intérêt évident en termes de travail et d’analyse physiologique, a aussi pour but de jauger la capacité mentale des nageurs à s’adapter à des conditions non optimales. Comme le 5km INDOOR de janvier, Stéphane LECAT juge l’exercice fondamental dans la globalité de la préparation des athlètes : « Tous ceux qui ont brillé par la suite sur les championnats internationaux de l’été étaient présents à ce rassemblement. Il n’y a pas de hasard. »

Avril est aussi la période des stages, de l’accumulation des kilomètres et du travail à haute intensité. Les lieux de rassemblement diffèrent selon les pôles. Le groupe de Magali MERINO prend ses quartiers à Font-Romeu pendant qu’Éric BOISSIERE entraine ses nageurs à Catane en Sicile.

Éric BOISSIERE, entraineur de Logan FONTAINE au pôle des Vikings de Rouen et pilier du staff de l’équipe de France eau libre.

 

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Mai – Championnats de France

 

Les Championnats de France de natation course en bassin de 50m (Strasbourg) précèdent les Championnats de France d’eau libre (Gravelines) d’une semaine. Les membres de l’équipe de France adoptent des stratégies hétérogènes pour gérer ce moment clé de la saison où se disputent les tickets qualificatifs pour les Mondiaux de Budapest au mois de juillet.

Les nageurs de Philippe LUCAS font le choix de jouer sur les deux tableaux en enchainant les compétitions. Aurélie MULLER et Marc-Antoine OLIVIER réalisent chacun le doublé 800/1500, au nez et à la barbe des spécialistes du bassin, en actualisant de belle manière leurs records personnels (Aurélie : 8.36.56, 8e MPF / 16.24.34, 3e MPF ; Marc-Antoine : 7.55.61, 6e MPF / 15.05.08, 5e MPF). David AUBRY affiche également un bel état de forme (3e du 800, 7.57.67, 7e MPF).

Philippe LUCAS et Aurélie MULLER observateurs attentifs pendant la finale du 800m NL messieurs des Championnats de France de Strasbourg.

Du côté des juniors, Clément BATTE prend date pour la suite, avec une qualification en finale A « toutes cat’ » et une cinquième place à l’arrivée assortie d’un chrono prometteur (15.30.38, 4e MPF 17 ans).

A contrario, Logan FONTAINE et Axel REYMOND font l’impasse sur les N1 de Strasbourg pour se focaliser uniquement sur le rendez-vous de l’eau libre.

Toutes les stratégies se sont avérées payantes, puisqu’aux Championnats de France eau libre de Gravelines tous les cadors français de la discipline répondent présents. La compétition étant « open », le plateau est particulièrement relevé, digne d’une compétition internationale, avec la présence de nombreux leaders étrangers venus de Grande-Bretagne, Hongrie, Etats-Unis, Pays-Bas ou encore Espagne.

Les résultats de la compétition permettent d’établir les sélections définitives pour les Championnats du Monde, les Championnats d’Europe Juniors, les Universiades et la COMEN. Chez les séniors, aucun « grand nom » ne manque à l’appel, tous ayant réussi à terminer dans le « top 2 » de leurs épreuves de prédilection. Chez les dames, Aurélie MULLER se classe première française sur le 5km comme le 10km, Océane CASSIGNOL décroche sa première sélection sur 10km, tout comme Lara GRANGEON sur 25km, nouvelle championne de France. L’élève de Maxime LEUTENEGGER à Nice n’avait encore jamais disputé une course d’une telle distance, challenge relevé. Chez les messieurs, Marc-Antoine OLIVIER se qualifie sur 10km (champion de France) comme sur 5km, David AUBRY valide son billet sur 10km, Logan FONTAINE remporte le 5km au terme d’une course impressionnante de maitrise (premier titre de champion de France séniors), alors qu’Axel REYMOND demeure intouchable sur 25km.

« Ces deux semaines de compétition en bassin puis en eau libre sont très encourageantes en vue des compétitions internationales de l’été, mais aussi très instructives pour les années à venir, analyse Stéphane LECAT. Les résultats montrent qu’il est tout-à-fait possible d’enchainer deux championnats en bassin puis en eau libre dans un laps de temps d’une dizaine de jours. Certains nageurs pourraient tenter le coup à l’occasion des Championnats d’Europe de Glasgow en 2018, année de transition avant de se projeter pleinement sur l’épreuve olympique du 10km de Tokyo. »

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Juin – Préparation terminale pour Budapest

 

Les nageurs qualifiés pour les Mondiaux de Budapest sur 10km et 5km (Aurélie MULLER, Océane CASSIGNOL, Marc-Antoine OLIVIER, David AUBRY, Logan FONTAINE) partent trois semaines en stage en altitude en Sierra Nevada (Espagne), sous la houlette de Patrick DREANO et Éric BOISSIERE.

« Qui est chaud pour un p’tit 12*600 ? »

Cette période est propice au travail de variation d’allures sur des distances longues. Stéphane LECAT nous explique que « le développement de ces facultés de variation est fondamental : sans ce travail impossible d’être performant au plan international. L’entrainement d’un nageur de 10km à haut niveau est axé sur les spécificités de cette épreuve où les changements d’allure sont nombreux.» Des exemples de séries réalisées à l’entrainement ? « En fin de stage, Marc-Antoine a nagé des séries assez monstrueuses, comme celle-ci : (2*50m départ 1min30s en 26.7 + 100m départ 2min30 en 56s) le tout 6 fois, enchainé avec un 20*50m départ 40s nagé en 29/30s.»

Au retour de stage, les nageurs passent une batterie de tests scientifiques à l’INSEP pour mesurer les effets de l’entrainement prolongé en altitude sur les organismes. Le suivi scientifique est assuré par Anaël AUBRY et Paul ROBACH, spécialistes de l’analyse de la performance sportive et de la recherche biomédicale. « Ces études vont nous permettre d’adapter individuellement la préparation des nageurs dans le futur en fonction de leurs réactions et de leur adaptation à l’altitude, explicite Stéphane LECAT. Ces analyses sont également bénéfiques d’un point de vue psychologique pour les nageurs. Pour Marc-Antoine et Aurélie, savoir qu’ils ont un profil physiologique supérieur à certains médaillés olympiques de ski de fond doit les conforter dans leur capacité à adopter des stratégies audacieuses en course. »

Les nageurs sont également accompagnés sur la préparation mentale tout au long de l’année avec la psychologue du sport Emilie PELOSSE avec l’objectif de travailler sur la lucidité en course de manière à rester focus sur les stratégies établies en fonction des circonstances propres à chaque course.

Les nageurs qualifiés pour les Mondiaux de Budapest sur 25km (Lara GRANGEON et Axel REYMOND), ainsi qu’Adeline FURST, qualifiée pour le 10km des Universiades, partent trois semaines en stage en altitude à Font-Romeu, avec Magali MERINO et Robin PLA comme entraineurs.

Axel REYMOND en plein effort dans le bassin de Font-Romeu.

 

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Juillet – Championnats du Monde (Lac Balaton, Hongrie)

 

Le rassemblement de l’équipe de France en partance pour les Mondiaux de Budapest s’effectue à l’INSEP (mini-stage de deux jours), avec notamment un après-midi ouvert à l’ensemble des médias pour conférence de presse et interviews individuelles. « C’était une bonne chose de concentrer les sollicitations avant même le départ en Hongrie. Une fois sur place au Lac Balaton, les nageurs ont pu se concentrer exclusivement sur le sportif », explique Stéphane LECAT. Le staff médical en profite également pour rappeler aux nageurs les protocoles précis concernant la récupération, l’alimentation, l’hydratation et le sommeil en période de compétition, autant de petits détails cruciaux une fois mis bout à bout.

Jean-Loup BOUCHARD, médecin présent aux côtés des équipes de France eau libre durant la saison 2017 (Photo : Jean-Louis THOREMBEY).

La délégation arrive sur le site de Balaton cinq jours avant le début des épreuves. Au programme, peaufinage de la préparation, affutage mais aussi prise de repères sur le parcours de la compétition, avec un avantage matériel comparatif certain sur les autres nations : la « team France » s’est déplacée avec un paddle gonflable dans ses bagages. Stéphane LECAT nous explique les avantages de ce type de matériel : « Alors que les coachs des autres nations étaient coincés sur le ponton pendant que leurs athlètes nageaient, nous pouvions accompagner les nôtres sur l’eau pour les ravitailler, leur donner un point d’appui, les aider à faire du repérage pour les prises de cap, prendre des photos pour identifier les subtilités du parcours. Cette présence soulage et donne confiance aux nageurs, car elle permet de pousser encore plus loin le partage entraineur/entrainé. Le paddle, c’était une grande première. L’an prochain, tout le monde va nous imiter, c’est certain ! »

Stéphane LECAT (encore) au sec sur son paddle en repérage avec les nageuses de l’équipe de France sur le parcours du Lac Balaton (Photo : Jean-Louis THOREMBEY).

La semaine de compétition démarre en fanfare avec la victoire de Marc-Antoine OLIVIER sur le 5km, son premier titre mondial, et la prometteuse 8e place du rookie Logan FONTAINE qui s’est porté aux avant-postes une bonne partie de la course.

Ultimes échanges entre Marc-Antoine OLIVIER et son coach Philippe LUCAS à quelques minutes du départ du 5km.

Le lendemain, Aurélie MULLER remporte en patronne le 10km, épreuve olympique « reine », menant la course de bout en bout devant toutes les meilleures spécialistes actuelles de la discipline. Océane CASSIGNOL, bien positionnée pendant les trois quarts de la course, prend malheureusement un mauvais coup qui la sort de la course au podium et termine finalement 21e.

Après Kazan 2015, deuxième médaille d’or mondiale consécutive pour Aurélie MULLER sur 10km.

Quarante-huit heures plus tard, place au 10km hommes. Marc-Antoine OLIVIER durcit la course mais ne parvient pas à se défaire du redoutable champion olympique en titre Ferry WEERTMAN (Pays-Bas) qui s’impose au sprint. Marc-Antoine glane une deuxième médaille individuelle en autant de courses (3e) alors que David AUBRY longtemps à l’affut dans le peloton décroche la 6e place dans l’emballage final.

Le lendemain, Aurélie MULLER complète la moisson de médailles en prenant la deuxième place du 5km derrière l’Américaine Ashley TWICHELL, intouchable dans la dernière ligne droite.

Le cinquième jour de compétition fait place à une nouvelle épreuve inscrite au programme : le 5km par équipes, un 4*1250m mixte où chaque nation au départ est tenue d’aligner deux filles et deux garçons, l’ordre des nageurs étant laissé à la libre appréciation des coachs. Le staff de l’équipe de France se creuse les méninges pour composer le relais le plus performant possible, au vu de la forme du moment mais aussi des forces supposées des adversaires et des prises de relais. « J’ai sollicité le point de vue de chacun des membres du staff, raconte Stéphane LECAT. Même Jean-Louis THOREMBEY, présent avec nous à Budapest comme chef de délégation a apporté sa pierre à l’édifice pour construire notre réflexion. Un vrai travail d’équipe, pas seulement dans l’eau. »

Intense moment de concentration au matin de relais.

La stratégie adoptée s’avère payante. Océane CASSIGNOL première partante s’accroche comme elle peut dans les remous des garçons et se paye le luxe de distancer l’Italienne Rachele BRUNI (vice-championne olympique et 5e sur 10km quatre jours plus tôt). Logan FONTAINE prend la suite et parvient à passer le flambeau à Aurélie MULLER en position idéale devant les Italiens et les Américains. Aurélie dépasse deux filles pour replacer la France en deuxième position au moment où s’élance Marc-Antoine OLIVIER, qui ne fait qu’une bouchée de la nageuse britannique partie devant lui et résiste au retour du rapide Jordan WILIMOVSKY (USA) : nouvelle médaille d’or pour la France !

Explosion de joie à l’arrivée du relais (Photo : Stéphane KEMPINAIRE).

Et le festival ne s’arrête pas là. Le lendemain se dispute l’épreuve du 25km, avec au départ Axel REYMOND dans le costume de favori pour le clan français. Double champion d’Europe, Axel n’a encore jamais goûté à la consécration au niveau mondial. Dans la forme de sa vie et galvanisé par la dynamique collective, il se porte en tête à plusieurs reprises pour écrémer le peloton. Dans le final, ils ne sont plus que quatre à pouvoir jouer la victoire.

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Magali MERINO, coach de toujours d’Axel REYMOND (Photo : Jean-Louis THOREMBEY).

Peu confiant dans sa capacité à s’imposer en cas de sprint groupé, l’élève de Magali MERINO fait le choix tactique de s’isoler à la gauche de ses adversaires pour les surprendre et les distancer, quitte à parcourir du chemin supplémentaire. Au passage de la dernière bouée, le suspense est total. Axel est en tête, mais les poursuivants semblent revenir. « Je les ai senti me chatouiller les pieds dans la dernière longueur, mais je n’ai rien lâché, j’en ai remis, bras tendus, et j’ai réussi à tenir jusqu’au bout ! »

Première couronne mondiale sur 25km pour Axel REYMOND (Photo : Jean-Louis THOREMBEY)

Du côté des filles, après une bonne première partie de course, le résultat final est moins brillant : Aurélie MULLER termine 8e, Lara GRANGEON 13e.

Sept courses, quatre titres mondiaux, six médailles. La semaine est tout simplement historique pour l’équipe de France, qui termine en tête du classement des médailles. Avant cette compétition, seule Aurélie MULLER était parvenue à Kazan en 2015 à décrocher une médaille d’or pour la discipline eau libre en Championnats du Monde.

Photo de famille (Photo : Stéphane KEMPINAIRE)

Quand on lui dit qu’il était « impossible de rêver mieux », Stéphane LECAT perfectionniste affiche une moue malicieuse. « Le bilan est évidemment exceptionnel, mais tout n’a pas été parfait, loin de là. Si je voulais faire la fine bouche, je dirais que nous aurions pu faire encore mieux niveau médailles. Sur le 10km, Marc-Antoine termine 3e en ayant nagé le 5km 72h plus tôt alors que ses adversaires directs avaient fait l’impasse, David a lui manqué un peu d’audace. Sur le 25km, Logan a connu des problèmes d’évacuation urinaire qui l’ont contraint à abandonner. Chez les filles, Océane était dans le coup pour la gagne sur le 10km à un tour de l’arrivée, un mauvais coup l’a sortie de sa course. Sur le 25km, Aurélie et Lara ont commis des erreurs stratégiques. »

On note également que le 10km masculin, épreuve olympique, demeure la chasse gardée du Hollandais Ferry WEERTMAN. « Nous avons trois ans pour trouver et appliquer la bonne stratégie pour le battre, résume Stéphane LECAT. Pour le faire vaciller, il faut le faire douter, lui instiller du stress tout au long de la course, en l’attaquant de loin. Si on parvient à le faire sortir de sa zone de confort mentale, cela aura nécessairement un impact physique, cela contribuera à l’affaiblir en vue du sprint final où il est à l’heure actuelle au-dessus du lot. Tout cela va demander à nos nageurs un gros investissement à l’entrainement, dans l’eau et à sec, pour gagner de la puissance, mais aussi en courses, où il faudra tester l’application des stratégies. »

Développer la puissance nécessaire pour terminer vite dans le final d’un 10km sera donc fondamental pour espérer jouer les premiers rôles en 2020 à Tokyo. Si l’on jette un œil sur les performances en bassin des meilleurs nageurs et nageuses au monde sur 10km (tableaux ci-dessous), on constate que ceux qui ont réalisé les meilleures performances chronométriques ont tendance à truster les premières places des grandes compétitions internationales eau libre, même si la corrélation n’est pas systématique. De manière générale, on note une étonnante homogénéité du niveau de l’ensemble des nageurs, notamment chez les messieurs (c’est frappant sur 400m), preuve de la densification de l’adversité de la discipline ces dernières années. Preuve aussi de l’exigence de travail nécessaire pour espérer décrocher l’or olympique en 2020.

DAMES

MESSIEURS

(D’après les sources de Frédéric BARALE, entraineur de l’équipe de France juniors eau libre 2017)

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Août – Championnats d’Europe Juniors (Marseille)

 

L’équipe de France juniors eau libre se réunit en stage à Marseille durant les 15 jours précédant la compétition. Les conditions sont idéales pour la préparation terminale, avec l’accès aux installations (bassin et unités de récupération) du Cercle des Nageurs de Marseille, mise au vert, sorties en mer et en lac.

La délégation de l’équipe de France présente sur les Championnats d’Europe Juniors de Marseille au grand complet.

La sélection est plurielle, composée de 14 nageurs (6 filles, 8 garçons) âgés de 15 à 19 ans venus de différents clubs et pôles des quatre coins de la France, encadrée par un staff de coachs expérimentés (Fabienne CHARLOPIN, Frédéric BARALE) et de jeunes entraineurs (Steven DEYRES, Robin PLA).

Comme chez les séniors quelques semaines plus tôt, le bilan sportif est exceptionnel, avec quatre titres continentaux et une médaille de bronze. Logan FONTAINE (Juniors 3, 10km) et Océane CASSIGNOL (Juniors 2, 7.5km) réussissent à enchainer victorieusement deux semaines seulement après leurs exploits de Budapest. Clément BATTE auréole sa superbe saison d’un premier titre individuel international (Juniors 2, 7.5km). Lisa POU décroche une prometteuse 3e place sur 10km (Juniors 3). Ces quatre nageurs remportent collectivement le titre sur le « Team Event » 4*1250m mixte.

Clément BATTE, tout frais champion d’Europe 2017 sur 7.5km (Photo : Charlotte DESPREAUX).

Lisa POU sur la troisième marche du podium du 10km (Juniors 3).

Pour les autres qui n’ont pas connu les honneurs des podiums, la compétition a été globalement positive, avec de nombreuses places d’honneur, des comportements en course très encourageants ainsi qu’une prise d’expérience certaine dans la vie d’un groupe en situation sur une compétition internationale.

Les « Juniors 1 » sous la supervision de Fabien WOLFARTH, kiné de l’équipe de France juniors eau libre sur ces championnats, et de Fabienne CHARLOPIN, coach responsable d’équipe, au matin de l’épreuve du 5km.

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Août – Universiades de Taipei (Taïwan)

Seule représentante française pour la discipline eau libre, coachée sur place par Denis LAMUR, Adeline FURST ponctue son excellente année 2017 de la plus belle des manières en allant décrocher la médaille de bronze au terme d’une course où elle a su faire preuve d’initiative.

Adeline FURST en bronze sur l’épreuve du 10km des Universiades.

 

Octobre – COMEN d’Eilat (Israël)

Encadrée par Benjamin TRANCHARD et Nicolas MIQUELESTORENA dans une optique de formation des jeunes nageurs à l’accès à la haute performance, l’équipe de France COMEN eau libre aura de sérieux atouts à faire valoir et tâchera de s’inspirer des formidables résultats obtenus par l’ensemble des équipes de France tout au long de la saison 2017.

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La suite, en 2018…