La sociétaire du CN Sarreguemines est la favorite du 200m brasse qui aura lieu ce samedi. Cette « grosse travailleuse », selon les mots de son entraîneur depuis onze ans Gilles Cattani, a amélioré son record personnel au cours de l’étape golden tour d’Amiens. En progression constante ces dernières années, Camille Dauba a pu se mesurer au niveau international en effectuant des séances avec la championne d’Europe en petit bassin, la Belge Fanny Lecluyse. Verdict de son entraîneur : « elle n’est pas à des années lumière, très clairement ».

Ton grand objectif de la semaine est le 200m brasse, ce samedi. Comment l’abordes-tu ?

J’ai confiance dans le travail que nous avons fait toute la saison. Il ne reste plus qu’à confirmer, mais je ne me mets pas de pression parce qu’il sera justement très important de rester relâchée. On verra ce que cela donne, j’ai les minimas pour Budapest [2.25.91] dans un coin de la tête. Il faut que j’améliore mon temps de deux secondes, ce n’est pas rien. Mais mon record, je l’ai fait il y a un peu plus de trois semaines, sans avoir commencé à relâcher au niveau du kilométrage à l’entraînement. Cette semaine, je suis plus fraîche, plus préparée.

Est-ce que tu t’attendais à faire ces 2.27.91 à Amiens, en avril dernier ?

On revenait d’un stage en altitude, et c’est vrai qu’en général une semaine après on est plutôt bien. Je sortais d’une période de travail intense, physiquement j’étais chargée, je n’étais pas en forme. Mais j’avais bien bossé, des choses se sont mises en place. Comme l’année dernière je n’avais pas pleinement confirmé ce que je faisais à l’entraînement, mon meilleur temps n’était pas inaccessible.

Tu avais donc été déçue de tes performances à Montpellier (médaillée de bronze en 2.29.11) ?

Oui. Je m’étais mis beaucoup de pression avec les minimas des championnats d’Europe et je n’ai pas du tout bien géré la compétition. Je suis restée très en dessous de ce que j’étais capable de faire. Je ne veux pas reproduire la même erreur cette année.

Ton épreuve phare est très tard dans la semaine, comment est-ce que tu vis cela ? Est-ce un avantage ou un inconvénient ?

De toute façon je n’ai pas le choix ! Ce n’est pas si mal que cela soit tard, cela permet de prendre la température de la compétition et de bien se mettre dedans. Jeudi ça aurait été parfait, en fait ! C’est vrai que là j’attends et je vois les perfs des autres membres du collectif gavroche, ça donne des fourmis dans les jambes ! La qualification de Geoffroy Mathieu, c’était magique. C’est vraiment mérité, il bosse très dur. Je suis super contente pour lui.

Quel bilan tires-tu de ton 100m ? Tu l’as utilisé comme une prise de marques ?

Oui, exactement. Contrairement aux saisons précédentes, nous n’avons pas du tout travaillé la vitesse pure, pour nous concentrer sur les allures de 200m. Le 100m, c’était vraiment pour lancer la compétition. C’est vrai que je m’attendais à faire mieux, j’espère être capable de passer près de ce temps sur le 200m.

Dauba article 2

Quel pourcentage de tes séances la brasse occupe-t-elle ?

Cela dépend des périodes de l’année et des séances, mais la moyenne tourne autour de 35 %, avec des pics à 50 % et des creux à 20 %. Forcément, il y a toujours plus de crawl, mais je fais aussi beaucoup de brasse en allure basse.

Tu es plutôt polyvalente pour une brasseuse, tu étais même performante en dos plus jeune. Le 4n, tu y penses encore ?

Depuis deux ans, je ne fais plus de séries en 4n, j’en fais simplement en aéro. On ne le travaille plus du tout, pour l’instant on le met de côté. C’est vrai que quand j’étais jeune j’étais pas mal un peu partout, mais maintenant ce n’est plus vraiment le cas. Le dos est devenu vraiment mauvais (rires). Si je fais le 2004N cette semaine, c’est d’abord pour remplir un peu mon programme (Camille en a même profité pour décrocher une belle médaille de bronze, NDLR).

Comment analyses-tu ta nage ? Quels sont tes points forts et tes points faibles ?

Je vais commencer par les points faibles ! (rires) Je suis très perfectible sur mes départs et mes coulées. J’ai beaucoup bossé là-dessus, mais sur un départ à côté de Charlotte Bonnet, par exemple, je perds encore beaucoup. Je manque aussi d’explosivité, de capacité à changer de rythme, mais c’est ma nage. Je ferais du 400m brasse si c’était possible !

Pour mes points forts, je suis capable de tenir longtemps l’allure à l’entraînement, ça me permet de faire de grosses séries en brasse. Je pense aussi que mon ciseau est efficace, avec de l’amplitude. Je suis aussi efficace, mon nombre de coups de bras est relativement peu élevé.

Ce ciseau en amplitude, c’est ce qui explique que cela fonctionne bien sur le 200m mais que c’est plus difficile sur le 100m ?

Oui, en fait je n’arrive pas à changer de nage, je fais la même chose quelle que soit la distance donc fatalement ça coince sur les épreuves courtes.

Dauba 8 (Conflit de casse)

Est-ce que tu regardes ce qui se fait au top niveau mondial sur le 200m brasse ? Est-ce que certaines nageuses t’inspirent plus particulièrement ?

Oui, je suis cela de près. En ce moment, le niveau sur le 200 brasse féminin est très élevé. À Rio, elles étaient toutes sous les 2.22 en finale, c’est vraiment impressionnant. Je m’identifie un peu à Rikke Moller Pedersen, pas pour sa nage très en puissance mais parce qu’elle a un peu le même problème que moi : elle a du mal à changer de rythme lorsque les autres reviennent sur elle. J’aime aussi beaucoup la manière dont nage Yuliya Efimova, qui est capable de toutes les stratégies de course : partir lentement et revenir vite, partir vite et revenir…elle sait tout faire. J’aimerais m’inspirer d’elle sur cet aspect là, mais pas le reste ! [la Russe a été suspendue seize mois en 2013-2014 à la suite d’un contrôle anti-dopage positif]

Au delà de la question du dopage, lorsque l’on regarde les compétitions internationales, on s’aperçoit que le règlement est assez malmené dans les coulées de brasse, avec notamment la multiplication des ondulations. Quel regard portes-tu là-dessus ?

Moi je ne le fais pas, mais de toute façon je n’en suis pas capable ! Je ne sais pas trop quoi en penser. Le problème c’est que les juges ne peuvent pas se baser sur les images des caméras sous-marines et c’est très difficile à repérer hors de l’eau. Peut-être que c’est pour ça que je perds deux mètres sur le départ ! (rires).

 

Merci à Camille Dauba et Gilles Cattani pour leur disponibilité !