I
A quelques jours du meeting Golden Tour d’Amiens, alors que la plupart des nations majeures de la natation course ont déjà disputé leurs championnats nationaux qualificatifs pour les Mondiaux de Budapest de juillet prochain (à l’exception notable des États-Unis… et de la France), il nous a semblé opportun de dresser un bilan des principales performances établies durant le premier semestre de l’année 2017 aux quatre coins du globe.

De nombreuses courses mentionnées dans notre article sont disponibles en vidéo sur YouTube. Pour les visionner, il vous suffit de cliquer directement sur les liens proposés au fil du texte.

I

Nage libre

I

Sarah Sjostrom (Suède)

Au début du mois d’avril, à domicile au meeting de Stockholm, la Suédoise Sarah Sjostrom a fait montre d’un état de forme exceptionnel sur les épreuves de sprint. Sur 50m NL, elle a établi la deuxième meilleure performance féminine de tous les temps (23.83), à un dixième tout rond du record du monde polyuréthane de l’Allemande Britta Steffen. Sa première poursuivante au bilan mondial 2017, la Danoise championne olympique de la distance, Pernille Blume, est reléguée à trois dixièmes (24.14). On notera par ailleurs que l’étoile montante de la natation japonaise Rikako Ikee, née en 2000, a établi un nouveau record du monde junior en début d’année (24.48).

Sur 100m, même topo, Sarah Sjostrom truste la première place des rankings (52.54), avec une marge confortable sur les deux sœurs Campbell, qui ont elles aussi nagé sous les 53s lors des sélections australiennes : 52.78 pour Cate (en séries – elle n’a ensuite terminé qu’à la troisième place de la finale en 53.30, sans incidence toutefois, puisqu’elle avait préalablement annoncé son forfait pour les Mondiaux), 52.85 pour Bronte. Lors des Championnats du Canada, la co-championne olympique du 100m de Rio, Penny Oleksiak, s’est elle contentée d’assurer sa qualification pour Budapest dans un chrono quelconque (53.84). L’autre championne olympique du 100m, l’Américaine Simone Manuel, a réalisé une saison universitaire en bassin de 25 yards aux Etats-Unis couronnée de nombreux succès, et pour sa rentrée en grand bassin, à deux mois des « Trials », elle a nagé 53.66 au meeting de Mesa.

Du côté des messieurs, on retrouve deux Britanniques en tête des bilans du 50m et du 100m NL. Sur l’aller-simple, Ben Proud a réalisé la deuxième performance de tous les temps en textile (21.32, seul Florent Manaudou ayant nagé plus vite en shorty, 21.19 aux Mondiaux de Kazan en 2015). Vladimir Morozov a lui aussi amélioré son record personnel en demi-finale des championnats de Russie (21.44), ce qui le positionne un dixième devant l’Australien Cameron McEvoy (21.55). Sur 100m, la meilleure performance 2017 a été établie par l’une des jeunes révélations des Jeux de Rio (5e de la finale olympique du 100m en 48.01), le jeune Duncan Scott, âgé de 19 ans seulement (47.90, record de Grande-Bretagne). Cameron McEvoy s’est quant à lui imposé en finale des très disputés championnats d’Australie en 47.91, dans un chrono nettement moins clinquant qu’au même stade de la saison un an plus tôt (47.04 en 2016, meilleure perf de tous les temps en textile), mais qui lui a malgré tout permis de devancer le champion olympique Kyle Chalmers (48.20) et le prometteur Jack Cartwright (48.43). A noter les performances de l’Américain Nathan Adrian, encore en rodage au meeting de Mesa (48.12), du Japonais Katsumi Nakamura (48.26), de Vladimir Morozov (48.28), ainsi que du Hongrois Nandor Nemeth (48.64, record national) qui n’a pas encore fêté ses 18 ans.

I

Gabriele Detti (Italie)

Sur 200m NL dames, ni Sarah Sjostrom, ni Katie Ledecky ne se sont encore alignées cette saison, et l’on retrouve la Suédoise Michelle Coleman en pôle position, elle qui a battu son record personnel lors du meeting de Stockholm (1.55.64). Deux autres nageuses ont franchi la barrière des 1min56s en 2017 : l’Australienne Emma McKeon (1.55.68) et l’Italienne Federica Pellegrini (1.55.94). Chez les messieurs, le Chinois Sun Yang a frappé très fort avec un chrono de 1.44.91 en finale des sélections nationales. En embuscade, on retrouve deux challengers britanniques, le champion du monde en titre James Guy (1.45.55) et le teenager Duncan Scott (1.45.80), qui se sont livrés un magnifique duel en finale de leur championnat national. L’Italien Gabriele Detti affiche également de très intéressants gains de vitesse (1.46.38).

Sur 400m, les chronos établis en 2017 montrent que l’épreuve est aujourd’hui particulièrement dense au très haut niveau mondial :  Sun Yang a nagé 3.42.16, Gabriele Detti 3.43.56 (record d’Italie), alors que l’Australien Mack Horton (3.44.18), champion olympique à Rio, et le Britannique James Guy (3.44.74) se sont rassurés à quelques mois de la confrontation générale. Sur 800m, c’est Gabriele Detti qui a marqué les esprits : en finale des championnats d’Italie, il s’approche tout près du record d’Europe (7.41.64 contre 7.40.81) en reléguant Gregorio Paltrinieri, détenteur du record, à plusieurs longueurs. Ce dernier, champion olympique du 1500m à Rio, a remis les pendules à l’heure le lendemain sur 1500m en s’imposant en 14.37.08, avec un passage au 800m en 7.47.27 ! Ses premiers poursuivants, Gabriele Detti (14.48.21), Mack Horton (14.51.21), et le Britannique Daniel Jervis (14.51.48), pointent à plus de dix secondes.

Katie Ledecky (États-Unis)

Chez les dames, la marge de Katie Ledecky sur la concurrence est telle qu’il lui a suffi de deux courses de rentrée au meeting de Mesa pour prendre la tête des rankings sur 400m (4.01.01) et 800m (8.15.44). Derrière on notera l’émergence au plus haut niveau de deux jeunes nageuses : la Chinoise Li Bingjie (15 ans, 4.02.52 sur 400m, 8.20.89 sur 800m) et l’Australienne Ariarne Titmus (16 ans, 4.04.82 sur 400m, 8.23.08 sur 800m). Sur 1500m, Boglarka Kapas a signé la meilleure performance de l’année à l’occasion des championnats de Hongrie (16.04.19), au détriment de l’Espagnole Mireia Belmonte (16.08.73).

I

I

I

I

I

Dos

I

Kylie Masse, médaillée de bronze à Rio, a signé la deuxième meilleure performance mondiale de tous les temps sur 100m dos féminin (58.21) en finale des championnats du Canada, à seulement 9 centièmes du record du monde polyuréthane de la Britannique Gemma Spofforth. Plusieurs autres nageuses ont fait forte impression lors de leurs championnats nationaux : l’Australienne Emily Seebhom (58.62), la Britannique Georgia Davies (59.34), ainsi que la Chinoise Fu Yanhui (58.72, record de Chine). Cette dernière se classe par ailleurs en tête des bilans mondiaux sur 50m dos en 27.36 devant… trois autres nageuses chinoises. Sur 200m dos, quatre nageuses se sont distinguées et se tiennent dans un mouchoir de poche : Emily Seebhom (2.07.03), la Russe Daria Ustinova (2.07.23), Kylie Masse (2.07.23) et une deuxième Canadienne, Hilary Caldwell (2.07.29).

Du côté des messieurs, en attendant le retour à la compétition du double champion olympique américain de Rio Ryan Murphy, deux dossistes ont affolé les chronomètres au mois d’avril. Citons tout d’abord le Chinois Xu Jiayu, auteur de la deuxième meilleure performance mondiale de tous les temps sur 100m dos (51.86), à seulement 1 centième du record du monde Murphy. Lors des championnats de Chine, Xu Jiayu a également pris la tête des rankings sur 50m dos (24.42, record national) et établi la seconde performance mondiale de la saison sur 200m dos (1.54.03, record national).

 I
Sur cette épreuve, le leadership appartient à Evgeny Rylov, qui a amélioré son record d’Europe de la distance (1.53.81) au terme d’une finale des championnats de Russie historique : sur le podium il devance deux nageurs auteurs de performances chronométriques remarquables au regard de leur très jeune âge, Kliment Koselnikov, né en 2000, qui bat le record du monde junior de plus d’une seconde (!) en 1.55.49, et Andrey Shabasov, né en 2001, qui boucle la distance en 1.57.71.
I
Sur 50m dos messieurs, Rylov prouve qu’il faudra également compter avec lui sur les distances inférieures au 200m : il est parvenu à égaler le record de Russie de Vladimir Morozov (24.52), ce qui le place deuxième des bilans mondiaux juste devant le Japonais Junya Koga (24.53). On le retrouve également second du Chinois Xu Jiayu sur 100m dos, mais à plus d’une seconde, avec un chrono de 53.13, juste devant le vétéran américain Matt Grevers (53.31) et le jeune Grec Apostolos Christou (53.38).
I

I

I

Brasse

I

Jennie Johansson (Suède)

La brasseuse russe Yulia Efimova n’a jusqu’à présent pas trouvé d’adversaire à sa mesure en 2017, ce quelle que soit la distance : 29.88 sur 50m, 1.05.90 sur 100m, 2.21.35 sur 200m. Elle n’a toutefois pas été la seule à réaliser des chronos de grande facture sur ces épreuves. Début avril, la Suédoise Jennie Johansson, championne du monde en titre du 50m brasse, a amélioré ses records nationaux du 50m (30.39) et 100m brasse (1.06.37) à l’occasion du meeting de Stockholm. Sur l’aller-simple, Imogen Clark a battu le record de Grande-Bretagne (30.21), drainant dans son sillage sa compatriote Sarah Vaisey (30.30), alors que Satomi Suzuki s’octroyait le record du Japon (30.66). Sur 100m, on notera les chronos de l’Américaine Katie Meili (1.06.37) et de l’Espagnole Jessica  Vall (1.06.44), en attendant le retour à la compétition grand bassin de Lilly King, l’Américaine championne olympique à Rio. Sur 200m, la première concurrente d’Efimova est la surprenante néo-recordwoman de Grande-Bretagne, Jocelyn Ulyett (2.22.09). Suivent au classement une autre Britannique, Molly Renshaw (2.23.04), la Japonaise Reona Aoki (2.23.24) et l’Australienne Taylor McKeown (2.23.58).

I

I

Chez les messieurs, sur 50m et 100m, il y a Adam Peaty et le reste du monde. Sur 100m, il a signé un nouveau chrono sous les 58s en finale des championnats de Grande-Bretagne (57.79), établissant la 4e performance de tous les temps, derrière ses trois courses olympiques de Rio (record du monde : 57.13 en finale), avant de s’approcher le lendemain à 6 centièmes de son propre record du monde du 50m brasse (26.48 contre 26.42). Dans sa vague, de nombreux jeunes nageurs ont démontré d’étonnants progrès qui les conduisent d’ores et déjà à bousculer les anciens. Ainsi, lors des championnats d’Italie, Nicolo Martinenghi, né en 1999, a établi deux nouveaux records du monde junior sur 50m (26.97, seul nageur sous les 27s avec Peaty en 2017) et 100m brasse (59.46). Sur cette dernière épreuve, il est devancé aux bilans par seulement deux autres brasseurs : le Chinois Yan Zibei (58.92, record national, tout comme sur 50m, 27.34) et le Japonais Yasuhiro Koseki (59.26). Celui-ci s’est particulièrement illustré lors des championnats du Japon, en améliorant également le record national du 50m brasse (27.23) qui appartenait jusqu’alors au légendaire Kosuke Kitajima, et en s’imposant sur 200m brasse (2.07.18, quatrième meilleure performance de tous les temps), devant le tout récent recordman du monde de l’épreuve, Ippei Watanabe, qui avait nagé un hallucinant 2.06.67 fin janvier (seul nageur de l’histoire sous les 2min07s). D’autres performances attestent de l’extraordinaire densification du niveau mondial sur 200m brasse : les 2.07.85 du Suédois Erik Persson, les 2.08.03 et 2.08.11 des Russes Anton Chupkov et Ilya Khomenko, sans oublier les 2.08.71 du jeune Chinois Tan Haiyang synonymes de record du monde junior.

I

I

Papillon

I

Mireia Belmonte (Espagne)

Comme en nage libre, Sarah Sjostrom règne sans partage sur les épreuves de sprint en papillon. Sur 50m comme sur 100m, deux épreuves dont elle détient les records du monde, elle semble pour le moment hors de portée de la concurrence, avec déjà deux solides performances établies à ce stade encore précoce de la saison lors du meeting de Stockholm : 24.96 sur 50m, 56.26 sur 100m. Derrière elle, la jeune Japonaise Rikako Ikee, finaliste olympique à Rio, s’affirme comme une sérieuse adversaire pour les années à venir : 25.51 sur 50m, 56.89 sur 100m. Penny Oleksiak, recordwoman du monde junior du 100m (56.26 à Rio l’an dernier), était vraisemblablement encore loin de sa forme optimale lors des sélections canadiennes début avril (57.35). L’Australienne Emma McKeon s’est quant à elle positionnée en outsider potentielle sur 100m (57.27) comme sur 200m (2.07.37). Sur cette épreuve, la Japonaise Suzuka Hasegawa, 16 ans, se place en tête des rankings mondiaux, avec un nouveau record du monde junior (2.06.29). Elle précède l’Allemande Franziska Hentke (2.06.84) et une autre jeune Japonaise, Hiroko Makino (2.06.92). La championne olympique de Rio, l’Espagnole Mireia Belmonte, émarge un peu plus loin au classement (2.08.17).

Chez les messieurs, comme sur 50m NL, le Britannique Ben Proud a frappé un grand coup, en nageant largement sous les 23s (22.80, 7e performance de tous les temps). Il précède en tête des bilans le Brésilien Nicholas Santos (23.01), le Russe Oleg Kostin (23.27) et le jeune Chinois Li Zhuaho né en 1999 (23.36). Ce dernier talonne de très près le Sud-Africain Chad Le Clos tout en haut du palmarès 2017 du 100m papillon (51.34 contre 51.29), devant le Britannique James Guy qui a mis à jour son « personal best » de belle manière (51.52). Prudence toutefois, le champion olympique de Rio, le Singapourien Joseph Schooling ne s’est pas encore mis à l’eau cette année. De belles performances sont à mettre au crédit des spécialistes du 200m papillon, avec en chef de file les Japonais Masato Sakai (1.53.71) et Daiya Seto (1.54.28), le Hongrois Tamas Kenderesi (1.54.89), Chad Le Clos (1.55.00), mais aussi Li Zhuaho, déjà cité, qui a établi un nouveau record du monde junior (1.55.09) quelques jours après que celui-ci ait déjà été battu par le Japonais Nao Horomura né en 2000 (1.55.37). Un autre très jeune nageur, Kristof Milak, a attiré l’attention des observateurs en prenant la deuxième place des championnats de Hongrie en 1.55.41 à pas encore 17 ans.

I

I

Quatre nages

I

Rikako Ikee (Japon)

Quatre nageuses sont passées sous la barrière symbolique des 2min10s au 200m 4N en 2017 : la Hongroise Katinka Hosszu (2.09.38), la Canadienne Sydney Pickrem (2.09.56) et les Japonaises Yui Ohashi (2.09.96) et Rikako Ikee (2.09.98). Le chrono de cette dernière constitue un nouveau record du monde junior, toutefois, elle se consacrera uniquement aux épreuves de sprint en nage libre et en papillon aux prochains Mondiaux de Budapest. On retrouve Yui Ohashi au sommet des bilans sur 400m 4N, avec un magnifique record du Japon raboté de 3s (4.31.42). Elle devance deux nageuses européennes : la Britannique Hannah Miley (4.34.12) et l’Espagnole Mireia Belmonte (4.35.01). La détentrice du record du monde et championne olympique de Rio, Katinka Hosszu, ne pointe actuellement qu’à la cinquième place mondiale avec un timide 4.35.46.

Du côté des messieurs, le Japonais Kosuke Hagino détient la meilleure performance mondiale de l’année sur 200m 4N (1.56.01), devant les Chinois Wang Shun (1.56.16, record national) et Tan Haiyang (1.57.74, record du monde junior).

I

I

Sur 400m 4N, petite sensation, c’est le Hongrois David Verraszto qui est aujourd’hui en pôle position (4.10.01, en finale du meeting Golden Tour de Marseille), devant les cadors japonais Daiya Seto (4.10.22) et Kosuke Hagino (4.10.45), et la belle surprise britannique Max Litchfield (4.10.63, record national). Lors des « Trials » en juin, on surveillera de près les performances de l’Américain Chase Kalisz, déjà très rapide en avril au meeting de Mesa (4.11.01).