Article « vintage » d’un nouveau genre sur N1nside, avec pour la première fois sur notre site le décryptage d’une finale marquante de l’histoire de la natation. L’idée est de proposer une mise en contexte détaillée pour saisir tous les enjeux de la course en question, une analyse chronométrique et un examen technique de la finale à proprement parler, ainsi qu’un retour sur la carrière des principaux protagonistes. Pour ce galop d’essai, nous avons retenu comme étude de cas celle qu’à l’époque les journalistes n’avaient pas hésité à baptiser « course de natation du siècle » : la finale du 200m nage libre messieurs des Jeux Olympiques d’Athènes en 2004.

 

Dans le souci de respecter une certaine chronologie, la vidéo de la course est disponible un peu plus bas, au cœur de l’article…

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Contexte sportif

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  • La rivalité Thorpe / Van den Hoogendband à son paroxysme

Ian Thorpe et Pieter Van den Hoogenband en chambre d’appel lors de l’étape de Coupe du monde parisienne en 2002 (crédit photo : Grams)

Depuis la finale du 200m NL des Jeux de Sydney en 2000, où le Hollandais a eu le toupet de priver l’Australien du titre olympique qui lui semblait promis devant son public, le délestant au passage de son record du monde (1.45.35 pour « VDH », en demi comme en finale), Ian Thorpe (né en 1982) et Pieter van den Hoogenband (1978) entretiennent une saine rivalité sportive – les deux hommes s’apprécient franchement en dehors des bassins. Cette vive émulation entre les deux meilleurs crawleurs de l’époque a conduit à de considérables progrès chronométriques et à des confrontations directes de haut-vol sur 200m NL au début des années 2000. En 2001, en finale des Mondiaux de Fukuoka, Thorpe ne laisse aucune chance à VDH, en pulvérisant le record du monde (1.44.06) grâce à schéma de course parfaitement équilibré (51.45/52.61) et un finish dévastateur (25.80 (!) sur le dernier 50m). Le record tiendra six ans. En 2002, année vierge de tout grand championnat d’échelle planétaire, les deux stars de la natation internationale s’affrontent à distance, et les performances fusent tout l’été : Thorpe remporte les Jeux du Commonwealth en 1.44.71, VDH améliore son record continental en finale des Championnats d’Europe de Berlin (1.44.89), puis Thorpe s’impose une nouvelle fois aux Championnats pan-pacifiques en 1.44.75. L’année suivante à Barcelone, Thorpe conserve sa couronne mondiale en 1.45.14, reléguant VDH, une nouvelle fois deuxième, et l’Australien Grant Hackett à plus d’une seconde. En 2003, les chronos sont donc moins impressionnants, mais l’on se doute qu’à moins d’un an de l’échéance phare, les Jeux d’Athènes, Thorpe et VDH n’ont pas dévoilé toutes leurs cartes.

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  • L’émergence de Phelps et la question de son potentiel en nage libre

A l’orée de l’année olympique 2004, l’Américain Michael Phelps n’est plus l’adolescent inconnu qui avait pris la 5e place du 200m papillon des Jeux de Sydney à seulement 15 ans. Dès 2001, à Fukuoka, il a décroché son premier titre mondial individuel et battu son premier record du monde sur 200m papillon. En 2003, il est devenu le premier nageur américain de l’histoire à glaner des titres nationaux dans trois styles différents (hors « quatre nages ») : en papillon, bien entendu, mais aussi en dos (200m) et en nage libre (200m), performance pas vraiment anecdotique quand on connaît la densité de la natation états-unienne. Phelps devient une star planétaire de son sport aux Mondiaux de Barcelone en 2003, en décrochant trois titres individuels (200m papillon, 200m 4N et 400m 4N, avec de nouveaux records du monde sur ces deux dernières épreuves), sept médailles au total en tenant compte des relais. Si Ian Thorpe (titré sur 200m et 400m NL, mais aussi deuxième du 200m 4N sans même maitriser la brasse) et Alexander Popov (qui réalise un nouveau come-back improbable, décrochant trois médailles d’or, sur 50m et 100m NL, ainsi que sur le 4x100m NL) ont envoyé un signal fort à la concurrence en nage libre, Phelps est devenu le nageur le plus complet du circuit. Pourtant sa marge de progression semble encore importante, et notamment… en crawl, discipline dans laquelle il s’est encore peu frotté au niveau international. A Barcelone, les observateurs relèveront qu’au départ de la finale du relais 4x200m, Phelps avait touché devant Grant Hackett, médaillé de bronze sur l’épreuve individuelle, améliorant au passage le record des États-Unis (1.46.60). Alors, à un an des Jeux d’Athènes, la question se pose légitimement : Phelps sera-t-il capable de venir concurrencer dans leur jardin les deux icônes du 200m NL que sont Thorpe et VDH ?

Michael Phelps (image France Télévisions)

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  • Début de saison 2004 : la pression monte !

Frayeur pour Ian Thorpe en ouverture des sélections olympiques australiennes au mois de mars. Au départ de la série d’un 400m NL qui ne doit être qu’une formalité (il est invaincu sur la distance depuis 1998), l’Australien est victime d’un accident invraisemblable : sous les ordres du starter, Thorpe se penche inexplicablement vers l’avant et bascule tête la première dans le bassin. Conformément au règlement, il est disqualifié par les juges pour faux départ. Le nageur tentera de faire appel, invoquant un bruit déstabilisateur venu des tribunes, mais celui-ci sera rejeté et la finale se nagera sans lui. L’affaire divise le pays et les instances dirigeantes de la fédération australienne. Faut-il donner un passe-droit à celui qui est considéré à juste titre comme le meilleur nageur de 400m au monde ? Faut-il s’en tenir strictement aux règles du processus de sélection ? Même le Premier Ministre australien est invité à s’exprimer sur le sujet, décrivant ce « coup du sort » comme une « véritable tragédie pour le pays », ce pays où la natation est l’un des sports phares. Malgré la cacophonie médiatique, Thorpe parvient les jours suivants à se qualifier individuellement pour les Jeux d’Athènes sur 100m et 200m NL, pendant que Craig Stevens, deuxième du 400m NL derrière Grant Hackett (et donc qualifié olympique) subit une intense pression de la part du grand public qui milite pour son retrait au bénéfice de l’enfant chéri de la nation. La compétition terminée, Stevens annoncera son désistement en direct à la télévision à une heure de grande écoute – on apprendra plus tard qu’il avait été grassement payé, ce qui fera couler beaucoup d’encre et ajoutera une pression supplémentaire sur les épaules de Thorpe dans l’optique des Jeux d’Athènes où il pourra finalement défendre son titre sur 400m NL.

Extrait JT australien au lendemain de la mésaventure de Ian Thorpe – mars 2004

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A l’été, lors des « Trials » américains qualificatifs pour les Jeux, l’ogre Michael Phelps décroche six tickets individuels. Il ambitionne alors ouvertement d’égaler le record de Mark Spitz (7 médailles d’or en 1972 à Munich). Il faut dire que si Phelps parvient à remplir cet objectif, son équipementier Speedo lui promet la coquette somme d’un million de dollars. Le pari de Phelps fait donc saliver les sponsors et le grand public, mais sur le papier, il parait sportivement un brin ambitieux. Certes le « Kid de Baltimore » semble intouchable sur 200m papillon et sur les deux épreuves de 4N (trois distances dont il détient le record du monde), certes le collectif américain devrait lui permettre de remporter le relais 4N haut la main, mais on est encore loin du compte. D’autant que les crawleurs américains ne partent pas favoris ni sur le 4x100m ni sur le 4x200m, et surtout, que sur les trois autres épreuves individuelles où Phelps peut potentiellement s’aligner à Athènes, la concurrence parait redoutable. Sur 200m dos, s’il poursuit sa progression, il est encore relégué à bonne distance du patron de la discipline, son compatriote Aaron Peirsol. Sur 100m papillon, la situation est comparable, puisque Ian Crocker, champion du monde et recordman du monde, premier homme sous les 51 secondes, l’a encore devancé lors des Trials (50.76 contre 51.15). Enfin, sur 200m NL, Phelps a certes amélioré son record des Etats-Unis (1.46.27), mais il s’agit d’un chrono bien éloigné du très haut niveau exigé pour prétendre au titre olympique qui devrait se jouer sous les 1.45.00 avec Thorpe et VDH. Alors que faire ? De concert avec son entraineur Bob Bowman, Phelps décide finalement d’écarter le 200m dos de son programme olympique qui sera donc composé de cinq épreuves individuelles et trois relais, huit possibilités de titres. A seulement 19 ans, rien ne semble l’effrayer : « J’ai choisi de nager le 200m NL, car je veux me mesurer à Thorpe sur son épreuve. » Le rendez-vous est donc pris pour le lundi 16 août 2004.

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  • Début des Jeux Olympique d’Athènes

La première journée de compétition, veille des séries du 200m NL (et donc avant-veille de la finale), est riche d’enseignements. En ouverture, Michael Phelps se rassure si besoin en était en remportant sans trop de suspens le 400m 4N, nouveau record du monde à la clé (4.08.26). En revanche la tâche s’avère bien plus ardue que prévu pour Ian Thorpe en finale du 400m NL où il ne s’impose qu’in extremis pour 26 centièmes sous la pression de son compère de la sélection australienne Grant Hackett. Depuis 2003, Thorpe a davantage tourné sa préparation vers les épreuves de sprint (100m/200m), considérant que sa marge était suffisante sur 400m. C’est probablement la raison de son départ très lent, comme si l’Australien s’était trouvé peu confiant en ses capacités à boucler un 400m à haute intensité. Thorpe n’a véritablement cherché à faire la différence que dans la seconde partie de course, mais la machine s’est grippée dans l’ultime longueur, et on a même cru quelques instants qu’Hackett serait capable de venir le coiffer sur le fil. A l’arrivée de la course bouclée dans un chrono bien quelconque (3.43.10, à trois secondes de son record du monde), Thorpe fond en larmes. Encore marqué par le psychodrame qui avait suivi son faux-départ des sélections australiennes, ce titre conservé sur 400m le libère d’un poids immense, et il y a à ce moment-là fort à parier qu’il sera redoutable sur 200m.

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Ian Thorpe conserve son titre olympique sur 400m NL pour 26 petits centièmes (crédit photo : Grams / CM Paris 2002)

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Le grand rendez-vous de la journée du lendemain est la finale du 4x100m NL. Les Sud-Africains, Roland Schoeman à leur tête (48.17 au start) créent la surprise en survolant la course de bout en bout, améliorant même le record du monde (3.13.17). Les États-Unis ne prennent que la troisième place : Ian Crocker, pourtant malade, a été conservé comme premier relayeur, fiasco total (50.05), il passe le relais à Michael Phelps bon dernier. Ce dernier a grillé un précieux joker dans sa course aux sept médailles d’or, il n’a désormais « plus droit à l’erreur ». Son 100m NL lancé n’a pas été particulièrement impressionnant (48.74, il est vrai dans les remous), et l’on peut même le qualifier d’ « inquiétant » si on le confronte à celui de Pieter van den Hoogenband qu’il retrouvera le lendemain sur le 200m NL, auteur d’un parcours en 46.79 comme dernier relayeur du relais néerlandais. Cette performance, l’un des splits les plus rapides de l’histoire en textile, permet aux Pays-Bas de prendre la médaille d’argent. Les Australiens tenants du titre n’ont pas vraiment existé (avec un Michael Klim au crépuscule de sa carrière), sixièmes seulement au final, mais Ian Thorpe s’est rassuré sur sa vitesse de pointe (48.14 lancé).

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16 août 2004 – « La course du siècle »

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La finale promet d’être bien plus que la revanche de l’édition de Sydney quatre ans plus tôt. À la rivalité entre Thorpe et VDH vient se greffer le sort du pari des sept médailles d’or de Phelps. Si l’on ajoute la présence de Grant Hackett, on prend conscience du caractère haut-de-gamme du casting puisque l’on retrouve au départ quatre des nageurs les plus rapides de l’histoire sur la distance, dont trois ont déjà détenu le record du monde (Thorpe, Hackett, VDH) – le quatrième ne manquerait pas de se l’approprier quelques années plus tard. Ces éléments confèrent à cette finale l’outrancier label journalistique de « course du siècle ».

Les grands favoris de la course au podium olympique sur 200m NL se sont sortis sans difficulté des séries puis des demi-finales. Il faut dire qu’à l’époque la densité du haut niveau mondial était nettement moins impressionnante qu’aujourd’hui. Les statistiques comparatives (voir tableau ci-dessous) indiquent que si les chronos du champion olympique et des médaillés étaient très similaires en 2004 et en 2016, on constate en revanche entre ces mêmes années référence un écart de trois secondes pour l’accès aux demi-finales et de deux secondes pour la qualification en finale !

 

  • Vidéo de la finale

« Phelps ligne 3, Van den Hoogenband ligne 4, Thorpe ligne 5… »

Commentaires live : TV britannique

 

Classement de la finale du 200m NL des Jeux Olympiques d’Athènes 2004 (source : http://www.fina.org/competition-detailed-results/4356)

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  • Déroulement de la course

Même s’il semble mettre plus de temps que se concurrents à se mettre en action au moment du start, Ian Thorpe ressort en tête aux 15m à hauteur de Michael Phelps. Néanmoins, Pieter van den Hoogendand connu pour ses premières parties de courses rapides prend rapidement les commandes et clôt le premier 50m à haute fréquence en 24.44. Il poursuit sur sa cadence lors de la deuxième longueur pour virer largement en tête à mi-course en 50.42, plus d’une seconde sous les bases du record du monde de Thorpe. De fait, ce dernier est contraint de sortir de sa zone de confort pour garder le contact avec le « Hollandais volant » : jamais l’Australien n’est parti si vite sur un 200m (51.04, quatre dixièmes plus vite que lors de son record du monde). Phelps s’accroche comme il peut (51.70) mais l’écart semble irrémédiable.

Thorpe effectue un très bon virage à mi-course et se replace grâce à son battement sans équivalent à hauteur de VDH qui commence à flancher dans la troisième longueur. Aux 150m, les deux hommes sont encore nettement en avance sur les bases du record du monde. Thorpe dépasse VDH impuissant dès la coulée de l’ultime virage, puis creuse rapidement un trou significatif, avant de caler lui-aussi. Très efficace sous l’eau, Phelps semble le plus frais, mais il part de trop loin pour remonter les deux leaders, et il pioche même à son tour dans les ultimes mètres de la course. A l’arrivée, Thorpe s’impose nettement, mais dans un chrono finalement assez éloigné de son record (1.44.71, troisième chrono de l’histoire à l’époque, tout de même !). VDH conserve la deuxième place (1.45.23) d’un souffle devant Phelps (1.45.32).  Ce dernier explose son propre record des États-Unis au terme d’un parcours assez équilibré qui laisse présager de belles possibilités pour le futur sur la distance (il est déjà le nageur qui passe le plus de temps « sous l’eau » et c’est lui qui signe le dernier 50m le plus rapide), mais il perd son pari de remporter sept médailles d’or dans la même olympiade. Pour cette fois.

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Postérité

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  • Suite de la semaine de natation aux Jeux d’Athènes

Quatre ans après Sydney, Pieter van den Hoogenband décroche un deuxième titre olympique sur 100m NL (crédit photo : Grams / CM Paris 2002)

Le lendemain de la « course du siècle », l’Australie tenante du titre olympique et invaincue depuis 1998 est défaite par les États-Unis en finale du relais 4x200m NL. Les Américains mis en orbite par un Michael Phelps moyennement inspiré en premier relayeur (1.46.49) mènent la course de bout en bout. En conclusion du relais, Ian Thorpe part avec une seconde et demi de retard sur Klete Keller, médaillé de bronze sur 400m NL et 4e sur 200m NL la veille. A 200m de l’arrivée le suspens est total. Thorpe réalise une première longueur ultra rapide en appuyant (trop ?) fortement son battement, si bien qu’à la sortie du premier virage son retard sur l’Américain est comblé. Mais Keller gère parfaitement son effort pour tenir tête à l’Australien, réalise la perf de sa vie (1.45.53 lancé) et conserve 13 centièmes d’avance à l’arrivée. Thorpe a nagé 1.44.18 lancé, mais cela n’a pas suffi.

Le surlendemain, en finale du 100m NL, Pieter van den Hoogenband, médaillé d’argent sur le 4x100m NL puis sur 200m NL en début de semaine, conserve son titre olympique acquis quatre ans plus tôt à Sydney sur l’ « épreuve reine » (exploit que seul Alexander Popov avait réalisé avant lui dans l’ère moderne en décrochant le titre à Barcelone en 1992 puis à Atlanta en 1996). Nettement décroché à mi-course par un Roland Schoeman parti comme une balle (22.60 au pied), le Néerlandais a progressivement refait son retard sur le retour pour déborder le Sud-Africain à la touche (48.18 contre 48.23). Dans cette finale, Ian Thorpe améliore son record personnel (48.56) et décroche la médaille de bronze, devenant ainsi le premier et à ce jour seul nageur de l’histoire  médaillé sur 100m, 200m et 400m NL lors d’une même édition olympique.

De son côté Michael Phelps poursuit sa moisson de médailles, en remportant toutes les autres courses de sa semaine de titan, dont le très relevé 100m papillon (51.25) dans un mouchoir de poche devant les redoutables Ian Crocker (51.29) et Andriy Serdinov (51.36). La compétition terminée, Phelps totalise 8 médailles, dont 6 en or. Si le pari d’atteindre le record des 7 titres olympiques de Spitz est perdu, la performance d’ensemble (l’enchainement de courses exigeantes de très haut niveau huit jours durant) marque les esprits. Dans la catégorie « anecdote comptable », Il égale par ailleurs le record du nombre de médailles récoltées au cours d’une unique olympiade jusqu’alors seule propriété du gymnaste russe Alexander Dityatin (Moscou en 1980).

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  • L’ère Michael Phelps

« Maintenant nous sommes quittes », avait déclaré Ian Thorpe à propos de Pieter van den Hoogenband à la sortie de la « course du siècle ». Avant d’ajouter : « Avec Phelps, la course sera encore plus difficile à Pékin en 2008 ». 

Après les Jeux d’Athènes, Thorpe annonce que pour se ressourcer il s’accordera une année sabbatique en 2005 et fait de facto une croix sur les Mondiaux de Montréal. Handicapé par une hernie discale, VDH sera lui contraint de déclarer forfait pour cette compétition. Sans opposition à sa hauteur, Michael Phelps s’octroie donc le titre de champion du monde 2005 (1.45.20) dans un chrono proche de celui qu’il avait réalisé un an plus tôt aux Jeux, mais en partant sur des bases nettement plus rapides sur la première partie de course.

C’est en 2007, à un an des Jeux de Pékin, que Phelps prend définitivement le pouvoir et acte un profond changement d’époque sur le 200m NL et sur la natation course de manière plus générale. En finale des Mondiaux de Melbourne, grâce notamment à d’impressionnantes coulées, il améliore le record du monde de Thorpe (dont l’année sabbatique s’est transformée en retraite sportive à durée indéterminée), un record vieux de six ans et que beaucoup pensaient indépassable (1.43.86 contre 1.44.06). Son dauphin VDH est relégué à plus de deux secondes, un gouffre.

Et ce n’est que le début. L’année suivante en finale des Jeux de Pékin, équipé d’une combinaison nouvelle génération (la fameuse Speedo LZR Racer), Phelps retranche une nouvelle seconde à son record du monde pour le porter à 1.42.96. Ni Thorpe (qui ne fréquente plus les bassins), ni VDH (désormais focalisé sur le 100m, encore quatrième magnifique de la finale des Jeux en 2008) n’ont pris part à cette finale. Une page est définitivement tournée. Le nouveau challenger est désormais Sud-Coréen et s’appelle Park Tae-Hwan.

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Initialement spécialiste de papillon et de 4N, venu à partir de 2003 au 200m NL, Michael Phelps a confié s’être énormément inspiré de Ian Thorpe, référence ultime de l’époque, pour se perfectionner sur cette épreuve. Au niveau tactique, dans sa manière de gérer ses courses, à l’économie, pour finir plus fort que ses concurrents (la finale de Thorpe aux Mondiaux de Fukuoka en 2001 bouclée en 1.44.06 avec un dernier 50m nagé en 25.80 étant un modèle du genre). Sur le plan technique, en observant la souplesse de son battement, mais aussi sa capacité à réaliser des coulées plus longues que ses adversaires grâce à ses ondulations sous la surface, pratique encore peu répandue au début des années 2000. Avec son entraineur Bob Bowman, Phelps a perfectionné le tout à merveille.

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Le record du monde du 200m NL appartient officiellement depuis 2009 à l’Allemand Paul Biedermann, un record établi en finale des Mondiaux de Rome au summum de l’ère des combinaisons polyuréthane avec l’aide d’une Arena X-Glide aux pouvoirs surnaturels.

 

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