Photo de couverture : Anna Santamans par Anna Santamans

 

On a bien aimé …

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La semaine d’Anna Santamans ponctuée par un nouveau record de France (24.04) en finale du 50m NL

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Le grand objectif de la néo-Marseillaise (la finale du 50m NL) était fixé le sixième et dernier jour de la compétition. Un agenda compliqué à gérer, d’autant que la sprinteuse était tenue de participer quotidiennement aux relais féminins et mixtes qui jalonnaient le programme. Elle a parfaitement su gérer cette situation singulière, en se servant de ces relais pour prendre ses repères dans le bassin et peaufiner ses sensations à vitesse de course, ce qui lui a permis de monter en puissance au fil de la semaine. Avant les séries du 50m NL, Anna avait ainsi déjà disputé quatre 50m NL lancés dans des chronos pour le moins prometteurs, compris entre 24.15 (en séries du 4x50m 4N féminin) et 23.64 (en finale du 4x50m NL mixte).

Le samedi, elle s’était tranquillement qualifiée pour les demi-finales de l’épreuve individuelle (9e temps, 24.34) avant d’accélérer le soir pour valider sans frayeur sa qualification en finale (4e temps, 24.14). Dimanche, le jour J, tous les voyants étaient au vert : une heure avant la course, en finale du 4x50m NL dames, elle réalisait son meilleur chrono lancé de la semaine (23.61). En finale, après un très bon start, elle souffrait quelque peu la comparaison dans les phases de coulées par rapport à ses concurrentes directes, mais revenait très fort dans la nage sur la deuxième longueur pour s’immiscer dans la bagarre pour le podium, derrière l’intouchable Néerlandaise Ranomi Kromowidjodjo. Anna terminait finalement cinquième de la finale, sa première au niveau mondial, en signant au passage un nouveau record de France pour un centième (24.04). Elle ne pouvait guère rêver meilleur scénario (si ce n’est une médaille…) pour faire le plein de confiance avant le début de la saison grand bassin.

 

La polyvalence intacte de Jérémy Stravius après quelques mois plus cools à l’entrainement

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On ne savait trop quoi attendre de l’Amiénois sur cette compétition. Certes il restait sur des Championnats de France très convaincants à Angers, mais du fait de sa quantité d’entrainement réduite depuis le début de la saison, on pouvait légitimement craindre que l’enchainement des efforts finisse par lui jouer des tours. Il n’en a rien été. Jérémy est parvenu à conserver un niveau de performance élevé tout au long de la semaine, quelle que fut la distance ou la discipline, en individuel comme en relais.

On retiendra évidemment que c’est lui qui ramène la seule médaille individuelle pour l’équipe de France : l’argent sur le 50m dos (22.99), derrière le revenant japonais Junya Koga. Mais c’est surtout en relais, où ses coulées constituent un atout précieux lorsque le bassin devient houleux, qu’il a impressionné. D’abord le premier jour sur le 4x100m NL, avec un joli 46.21 lancé (meilleur chrono du quatuor français médaillé d’argent), mais aussi sur 50m NL (21.05 lancé en finale du 4x50m NL mixte), sur 100m papillon (49.51 lancé en séries du 4x100m 4N) et sur 100m dos (50.50 au départ de la finale).

Le « grand frère » de l’équipe de France affichait décontraction et bonne humeur à la sortie de chacune de ses courses. Il continue manifestement de s’éclater en compétition. Pourvu que ça dure !

 

Les expérimentations tactiques de Jordan Pothain sur 400m et 200m NL

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Jordan Pothain avait annoncé qu’il se rendait aux Mondiaux petit bain de Windsor avec l’ambition de grimper dans la hiérarchie sur 400m pour intégrer le top 5 mondial. Et pour y parvenir, en concertation avec son coach Guy La Rocca, il avait pour plan d’adopter un schéma de course différent de celui utilisé la saison dernière. Par le passé, le Grenoblois avait pour habitude de partir très vite, ce qui le bridait quelque peu dans sa capacité à accélérer dans la deuxième partie de course, là où les meilleurs font la différence. En séries des Mondiaux, il avait donc fait le choix de réfréner ses ardeurs en partant sur des bases plus lentes, ce qui lui a permis d’accélérer significativement sur le « deuxième 150m », mais pas de finir aussi fort qu’escompté (3.39.31, 5ème temps des séries). En finale, il avait été décidé de partir un peu plus rapidement dès le « premier 150m », mais surtout d’en « garder » un peu durant le « deuxième 150m », pour assurer un finish plus rapide qu’à l’accoutumée, condition indispensable à un éventuel accès au podium. Jordan prenait finalement une très belle cinquième place (contrat rempli), dans un chrono quasi identique à celui du matin (3.39.35).

En étudiant dans le détail les temps de passage de ces différentes courses, il est intéressant de constater que les trois meilleures performances en carrière de Jordan Pothain sur 400m NL en petit bassin ont été réalisées selon trois schémas extrêmement différents. Cela en dit long sur l’éventail tactique dont il dispose désormais sur cette épreuve, mais aussi sur la marge de progression qu’il lui reste, car il est manifeste que Jordan n’a pas encore trouvé sa stratégie de course idéale, que l’équilibre parfait reste encore à atteindre.

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Après un 200m NL plutôt fade en individuel (14ème des séries, 1.44.83, à 8 dixièmes de son record), Jordan Pothain a de nouveau opté pour une gestion de course inédite au départ du relais 4x200m NL. Comme sur le 400m, il a pris le parti de lancer prudemment sa course (24.41, contre 24.06 lors de sa perf référence). Au passage du 100m (50.52), il a encore 3 dixièmes de retard sur les bases de son record personnel, mais bien moins entamé que d’habitude, il parvient à relancer efficacement dans le « troisième 50m » (26.41, contre 26.86 sur sa course référence) et à ne pas craquer dans l’ultime aller-retour (26.76, contre 26.92). A l’arrivée, miracle des maths, il rabote ainsi sa meilleure performance de 3 dixièmes (1.43.70).

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La confirmation des progrès de Mélanie Hénique et Marie Wattel

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Sur 50m papillon, au vu de ses récentes excellentes performances (record de France amélioré aux Championnats de France d’Angers, 25.15), les objectifs de Mélanie Hénique étaient logiquement très haut placés. En dépit d’une prestation très maitrisée (25.33), le dénouement de la finale devait lui laisser un goût amer, puisque la Marseillaise échouait au pied du podium pour seulement un centième au profit de la jeune prodige japonaise Rikako Ikee, alors que le temps de son record de France lui aurait permis de décrocher l’argent derrière la Danoise Jeanette Ottesen. Sur 100m papillon, le sort a également été cruel avec Marie Wattel : il a en effet manqué un centième à la Montpelliéraine pour qu’elle accède à sa première finale internationale individuelle, quand bien même elle venait de mettre une belle claque à son ancienne meilleure performance personnelle (57.45, contre 57.80).

Les deux spécialistes françaises de sprint en papillon ont confirmé qu’il faudra également compter avec elles sur les épreuves de nage libre pour les échéances à venir. En ouverture de la compétition, Mélanie réalisait 53.06 lancée au cœur du relais 4x100m NL (sa meilleure performance officielle, 54.71, date de 2013), relais auquel participait Marie (une grande première pour elle en finale mondiale). Le lendemain, cette dernière atteignait les demi-finales de l’épreuve individuelle (14ème en 53.66) dans des eaux très proches de son record personnel établi à Angers trois semaines auparavant. Trois jours plus tard, Mélanie approchait par deux fois son record du 50m NL (24.35) sur l’épreuve individuelle pour s’adjuger une place de demi-finaliste (24.42 en séries, 24.46 en demi). Une solide performance, même si son exceptionnel relais lancé en finale du 4x50m NL mixte en début de semaine (23.71) pouvait lui laisser espérer encore mieux. Marie s’est également illustrée sur cette distance en relais, en nageant par deux fois 24.5 lancée en série et finale du 4x50m NL dames.

 

Les performances de Mehdy Metella et Clément Mignon en dépit d’un état de forme loin de l’optimal

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Les deux partenaires d’entrainement du CN Marseille étaient arrivés à Windsor dans une condition pas forcément à la hauteur de leurs ambitions sportives élevées, ce qui explique certainement l’irrégularité chronométrique dont ils ont fait preuve tout au long de la semaine. La compétition avait toutefois plutôt bien commencé, avec un place de vice-champions du monde sur le relais 4x100m NL et des performances individuelles de bonne facture : 46.75 au start pour Clément Mignon le matin en série, 46.33 lancé pour Mehdy Metella en finale.

Individuellement, Mehdy avait pour course objectif principale le 100m NL, mais c’est finalement sur 100m papillon qu’il s’est illustré de la plus belle des manières, en égalant son record personnel en finale (5ème en 50.16), à bonne distance tout de même de l’incroyable Chad Le Clos qui pulvérisait le record du monde en tête de la course (48.08). Sur 100m NL, le Marseillais ne terminait que 6ème de la finale en 47.08, ce qui suscitait forcément des regrets tant le podium (voire le titre) paraissait accessible cette année – le vainqueur de la finale, le Lituanien Simonas Bilis, s’imposait en 46.58, alors que Mehdy avait été sacré champion de France trois semaines plus tôt en 46.51.

Peu satisfait de son début de semaine, avec notamment une relative contre-performance (21.56) au start de la finale du relais 4x50m NL mixte où l’équipe de France butait à seulement 1 dixième du podium et 2 dixièmes du titre, Clément s’est parfaitement remobilisé les jours suivants. En parvenant à remettre en place ses fondamentaux techniques, il a su retrouver de la vitesse pour prendre une très honorable 4ème place en finale du 50m NL individuel (21.28, un chrono tout proche de son record personnel de 21.19). Les ressources manquaient le lendemain sur 100m NL pour passer le cap des demi-finales, mais le Marseillais n’a rien lâché jusqu’au dernier jour de la compétition où il concluait le relais 4x100m 4N en 46.47 lancé.

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Le bilan globalement satisfaisant des néophytes

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Plusieurs nageurs de la délégation française participaient pour la première fois à une grande compétition internationale de niveau mondial. Si aucun de ces jeunes nageurs n’a réalisé de coup d’éclat, ils ont tous des motifs de satisfaction à faire valoir au sortir de cette semaine canadienne.

Yonel Govindin repart de Windsor avec une médaille d’argent sur le relais 4x100m NL, au titre sa contribution à la qualification de l’équipe le matin en séries, avec un chrono lancé plus qu’honnête (48.36). Les jours suivants, il avait pris part sans démériter aux séries du 50m NL (21.83, 23ème) et du 50m papillon (24.25, 41ème), mais sans parvenir à rééditer ses performances réalisées il y a trois semaines à Angers. Il avait également été aligné sur plusieurs relais, au sein desquels il avait fait preuve d’une belle régularité (il réalisait notamment 21.19 lancé en finale du 4x50m NL messieurs).

Thomas Avetand frôlait par deux fois son record personnel sur 50m dos (24.45 en séries de l’épreuve individuelle, puis au start du relais 4x50m 4N mixte). Sur 100m dos, il n’était pas passé loin d’une première demi-finale mondiale, en prenant la 17ème place des séries (51.80). A noter qu’il participait également à la qualification en finale du 4x50m NL messieurs, signant à l’occasion une meilleure performance personnelle officieuse (22.72 lancé).

La premier jour, Sollène Gallego terminait 25ème des séries du 50m brasse en 31.13, à seulement 6 centièmes de sa performance de référence. La suite de la semaine a été plus compliquée, mais l’expérience de l’accumulation des courses, notamment au sein des relais 4N, constitue déjà en soi une importante prise d’expérience pour la Toulousaine.

La course objectif d’Oleg Garasymovytch, le 200m dos, rassemblait la crème de la crème des spécialistes internationaux, et comme sur toutes les distances supérieures au 100m, il n’y avait pas de demi-finales, mais seulement huit qualifiés directs pour la finale. Pas de miracle donc pour l’Avignonnais, qui se classait 20ème en 1.55.25, à deux secondes de sa performance d’Angers. Plus tôt dans la semaine, il avait pris ses marques en disputant les séries du 100m dos (23ème, 52.36) et en participant au 4x200m NL avec un certain succès (1.47.38 lancé, meilleure performance personnelle officieuse).

Comme Oleg sur 200m dos, Jean Dencausse avait fort à faire pour espérer passer un tour sur 200m brasse, d’autant que sa belle forme des Championnats de France ne semblait pas réellement au rendez-vous. Jean terminait 21ème des séries, loin de son record en 2.09.87. Malgré une condition moyenne, on soulignera comme point positif son comportement d’ensemble dans les relais, lui qui a assuré les parcours de brasse sur le 4x50m 4N (26.75 lancé, meilleure performance personnelle officieuse) et le 4x100m 4N messieurs (58.67 lancé).

 

L’état d’esprit général de l’équipe

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Même si peu de nageurs se présentaient à Windsor au top de leur condition, tous ont fait preuve d’un engagement total tout au long de la compétition. Le cas de Mathilde Cini, promue capitaine de l’équipe de France féminine et arrivée hors de forme au Canada, est particulièrement emblématique. Naviguant à plusieurs secondes de ses records personnels en individuel, elle a su se transcender pour les relais et rester mobilisée jusqu’au terme de la compétition. C’est en effet le dernier jour, en finale du 4x50m NL dames, que la Valentinoise sortait sa plus belle prestation de la semaine (24.46), les Françaises se classant finalement sixièmes.

Pas en pleine possession de leurs moyens et peu ou pas utilisés en relais, les deux nageurs de demi-fond de l’équipe, Fantine Lesaffre et Joris Bouchaut ont eu du mal à sortir de l’ombre cette semaine. Fantine signe tout de même des performances matinales tout à fait décentes sur les trois épreuves qu’elle a disputées : 12ème du 400m 4N en 4.38.18, où elle coince après un départ rapide sur la partie papillon/dos,  27ème sur 400m NL en 4.12.91, où elle parvient à accélérer après un départ prudent, et 16ème du 200m 4N en 2.12.46. Joris est lui un peu plus en retrait par rapport à ses records personnels : 40ème sur 400m NL en 3.49.55 et 16ème sur 1500m en 14.49.29. A son crédit tout de même, une belle partition dans le relais 4x200m (1.46.93).